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Autoroute sociale: requalification communautaire du site délaissé contigu à l’autoroute Ville-Marie.

Architecture
Sammie Petit
Comment l’architecture sociale peut-elle pallier le manque d'intérêt envers un site en situation de contiguïté pour récupérer les espaces délaissés du tissu urbain? Véritable fracture du tissu urbain du quartier Centre-Sud, la présence de l’autoroute Ville-Marie détériore grandement la qualité du secteur adjacent, comme l’accessibilité et l’échelle humaine. D’autant plus que le quartier fait face à plusieurs enjeux; population défavorisée, itinérance, manque de services et de logements, etc. Ici comme ailleurs, plusieurs projets de recouvrements semblent voir le jour, ouvrant les portes à de nouvelles possibilités qui permettent la cohabitation de différentes infrastructures. Questionnant le rôle et l’impact de l’autoroute Ville-Marie sur le quartier Centre-Sud, le projet thèse propose un dispositif social permettant de récupérer cet espace urbain a priori indésirable et déconnecté du reste de la ville. Sensibles aux enjeux vécus par les groupes locaux marginalisés du quartier (personnes défavorisées, immigrantes, sans diplôme, emplois ou domicile fixe), l’ensemble des composantes programmatique - la Coopérative d’habitation abordable, le Centre d’aide pour sans-abri et le Centre de formation - offre désormais à la communauté une variété de services et d’équipements collectifs nécessaires pour entreprendre une réinsertion sociale, commençant par un toit et des connaissances.

Avant tout, une reconfiguration et le recouvrement des rampes d’accès viennent développer le potentiel du site entre Radio-Canada et Molson. En effet, élément fondamental du projet, la construction d’un plateau au-dessus de la sortie autoroutière devant la rue Papineau, permet la superposition de fonctions où résidents et public sont invités à s’approprier et partager cette nouvelle expérience de redécouverte de l’autoroute.

La Coopérative d’habitation, le premier volet, offre une variété d’appartements abordables qui répondent aux différents besoins des citoyens (famille, couple, personne seule et visiteur). Des micros habitations sont préconisées afin d'inviter les résidents à sortir de leurs unités pour manger, travailler, se divertir et ainsi occuper les espaces collectifs et nourrir l’esprit de communauté. Toujours dans cette préoccupation d'inclusion, un centre d’aide pour sans-abris est également proposé et offre des refuges de transition.

Enfin, la conversion du centre administratif de Molson en centre de formation est le second volet ayant pour cible les personnes qui ont décroché de l’école ou qui sont sans emplois. L’objectif est d’inciter un retour aux études ou une reprise en main rapide par du soutien, des formations et des opportunités d’emplois afin de stimuler leur intérêt et et leur désir de s’engager.

Le projet, l’approche conceptuelle axée sur l’optimisation des infrastructures ainsi que l’agencement des composantes programmatiques préconisées, qui au début du développement du projet aurait pu être perçus comme étant utopiques, semblent au contraire receler le potentiel d’agir comme prototype de dispositif social urbain adaptable à d’autres contextes similaires. Bref, le projet permet de tourner en avantages les caractéristiques contraignantes du site et d'occuper un terrain qui peut accueillir ce type d’équipement social.